« La
poésie et une attitude ; elle est dans le respect, la
courtoisie, l’écoute des autres et du monde ; elle est la
réponse par la douceur au chaos qui nous entoure ; ni une
absence, ni une esquive, une lutte quotidienne et compliquée. »
Francis
Cabrel – Libération – 14 mai 2004
Tandis
qu’à leurs œuvres perverses
Les
hommes courent haletants,
Mars qui
rit, malgré les averses,
Prépare
en secret le printemps.
Pour les
petites pâquerettes,
Sournoisement
lorsque tout dort,
Il
repasse des collerettes
Et cisèle
des boutons-d’or.
Dans le
verger et dans la vigne,
Il s’en
va, furtif perruquier,
Avec une
houppe de cygne,
Poudrer à
frimas l’amandier.
La nature
au lit se repose ;
Lui,
descend au jardin désert
Et lace
les boutons de rose
Dans leur
corset de velours vert.
Tout en
composant des solfèges
Qu’aux
merles il siffle à mi-voix,
Il sème
aux prés les perce-neige
Et les
violettes au bois.
Sur le
cresson de la fontaine
Où le
cerf boit, l’oreille au guet,
De sa
main cachée il égrène
Les
grelots d’argent du muguet.
Sous
l’herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la
fraise au teint vermeil,
Et te
tresse un chapeau de feuilles
Pour te
garantir du soleil.
Puis,
lorsque sa besogne est faite,
Et que
son règne va finir,
Au seuil
d’avril tournant la tête,
Il dit :
« Printemps, tu peux venir ! »
Théophile
Gautier (1811-1872)
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